Journal d'un catéchiste
« Qu’est-ce qui m’a pris de répondre à l’appel lancé par Laure, la responsable catéchiste de l’école des enfants ? » Dans son Journal d’un catéchiste, Denis Gancel, 56 ans, père de trois enfants et chef d’entreprise, retrace avec humour et profondeur son itinéraire de « père KT » dans un établissement scolaire des Hauts-de-Seine.
Un témoignage qui tombe à point nommé, à l’heure où les aumôneries recrutent les bonnes volontés et qu’après mûre réflexion, faisant fi des SOS lancés par la directrice de l’école, on en arrive à la conclusion que « malheureusement, cette année non plus ce ne sera vraiment pas possible, désolé ». Un emploi du temps de ministre, la peur de ne pas être à la hauteur, la certitude de faire tache au sein de l’équipe pastorale, la perspective guère réjouissante d’être livré en pâture à une horde d’adolescents indisciplinés, auxquels s’ajoutent les souvenirs mitigés des « temps forts catéchétiques » de nos années de collège – bref, un argumentaire en béton armé couronné d’un « Je n’aime pas prendre des engagements que je ne peux pas tenir » qui apporte à notre dérobade une petite touche de moralité salvatrice.
Denis Gancel sait tout cela. Il est passé par là. Jusqu’au jour où il a décidé de franchir le seuil de l’aumônerie. À reculons. « Je frappe en entrant. Des numéros de revues catholiques périmées, des Nouveaux Testaments en rang d’oignon prêt à l’emploi. Sur la table, café, papier, ciseaux, colle… des dizaines de photocopies de prières, dispersées. Un véritable établi d’ouvriers catéchistes, paré pour la moisson. J’ai déjà envie de rebrousser chemin », avoue-t-il. On imagine la scène.
Finalement, il accepte de prendre en charge un groupe d’élèves de terminale. « Mère Teresa ne disait-elle pas qu’il fallait “se laisser dévorer par le Christ”, et donc accepter d’être au four ET au moulin ? », pense-t-il. Unique catéchiste masculin, il se lance dans une opération de recrutement de pères de famille, persuadé qu’ils ont un rôle à jouer dans la transmission de la foi. « Si vous saviez comme la venue d’un père dans un groupe de dix jeunes de collège ou de lycée est un événement […] Comment se fait-il qu’il ne soit pas au boulot ? Qu’a-t-il de si important à partager avec nous pour y consacrer une heure par semaine ? »
Son idée se concrétise et prend la forme d’une association, RePères, rattachée à sa paroisse. Très vite, l’équipe s’étoffe, composée d’hommes surbookés qui ont accepté de bousculer leur agenda pour donner une heure de leur temps précieux par semaine. La rentrée du catéchisme arrive. Il pénètre dans l’arène et se retrouve face à seize adolescents. Le catéchiste en herbe est frappé par leur soif d’apprendre et de comprendre. Les appréhensions se dissipent.
Au fil des pages, Denis Gancel livre un récit émouvant de sa mission tout en distillant des conseils pratiques : comment capter l’attention d’adolescents qui arrivent en traînant les pieds au catéchisme ? Comment leur apprendre à prier, les convaincre de la beauté et de la nécessité du sacrement de pénitence ? Comment leur parler du Christ et leur apprendre à vivre en vrais chrétiens ? Mais attention, prévient-il, « ces conseils ne sont en aucun cas des recettes […]. Chacun doit trouver le mode de catéchèse qui lui convient le mieux », en lien bien sûr avec l’aumônier de l’établissement.
Lui a trouvé sa méthode, fructueuse, avec sa sensibilité propre. Certains s’y retrouveront, d’autres peut-être moins. Mais tous seront convaincus de l’urgente nécessité de s’engager dans l’évangélisation des jeunes générations.
Élisabeth Caillemer
http://www.famillechretienne.fr/livres/foi/temoignages-chretiens/journal-d-un-catechiste-176879
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