L'an prochain à Jérusalem ?
C’était un soir d’anniversaire. En ce 6 janvier 2011, Capucine, entourée de ses quatre enfants, fête joyeusement les 40 ans de son mari. Après avoir soufflé ses bougies, le père de famille débouche une bouteille de champagne. Les enfants sont couchés. Vient alors le temps d’une intense réflexion sur le sens de sa vie et ce tournant qu’elle prend ce soir-là. « Il manquait de temps pour sa famille, de temps à donner, de temps gratuit. En perdant son toit et son confort, il espérait repousser l’étroitesse de l’existence et chercher l’essentiel. Il manquait de tout ça, à moi aussi. Comment alors le donner à nos enfants ? », raconte Capucine dans son livre. Ce soir-là, c’est décidé, Capucine, son mari et leurs quatre enfants vont réaliser un projet un peu fou : partir, un an, à pied et à vélo, vers Jérusalem.
La route intérieure d’une famille pour accéder à l’essentiel
De cette expérience incroyable, Capucine Vassel en a tiré un livre, Un an vers Jérusalem, publié chez Parole et Silence. Elle raconte la longue route parcourue à vélo avec sa famille à travers la France, l’Italie et la Grèce, puis à pied de Chypre à Jérusalem. Plus qu’un carnet de voyage, ce récit décrit en filigrane une route intérieure parcourue pour quitter son confort et aller vers l’essentiel. Changer une roue de vélo dans la nuit sous une pluie battante, voir des portes se fermer dès que l’on demande l’hospitalité, grimper au sommet d’une montagne avec une grosse charge sur les épaules, se lever dans le froid pour parcourir 30 km, les situations sont parfois difficiles, racontées avec humour. Ce qui est paradoxal, c’est qu’une pointe de joie dans le récit nous fait entrevoir un certain bonheur dans le dépassement de soi. Capucine Vassel nous le confirme : « On a touché à l’essentiel de ce qui fait le bonheur. Là-bas, nous avons vécu la pauvreté matérielle, l’acceptation de la lenteur de vivre et la cohésion familiale ».
Cette joie atteint des sommets dans le récit de l’arrivée à Jérusalem. Capucine raconte avoir vécu une véritable rencontre avec le Christ en arrivant dans Son pays : «J’étais de ceux qui pensaient qu’on a pas besoin d’être sur les lieux pour vivre sa foi, mais sur place j’ai senti une proximité incroyable avec le Seigneur. Dans les moments de doute, je sais que je peux m’accrocher à ces preuves. Cette expérience est pour moi une béquille pour les moments difficiles».
L’épreuve des peurs et angoisses avant le départ
Des moments difficiles, Capucine, son mari et ses enfants en ont eus. Mais pas vraiment là où ils les attendaient. Avant de partir, Capucine est prise d’angoisses en voyant tous les cartons avec leurs affaires quitter leur maison avant le grand départ : « Je regardais les caisses en me disant : ‘C’est épouvantable, qu’est-ce qu’on est en train de faire ?’. C’était plus difficile pour moi de faire les sacs que de me rendre compte sur place qu’il manquait quelque chose. »
Avant le départ, Capucine n’est pas seule à angoisser. Le second de la fratrie, 10 ans, est pris de questions existentielles : « En fait, je me demande même pourquoi on fait ce voyage ? Si ça se trouve, Dieu n’existe pas ! », se rappelle Capucine. Ces peurs et angoisses ont très vite été éludées par le voyage qui a permis à la famille de « vivre dans l’abandon, le lâcher prise et la paix pendant un an ».
Au retour à la vie normale, les grâces du voyage
Après la joie de Jérusalem et l’arrivée au but, Capucine relate le retour un peu morne à travers l’Italie puis la France. Chacun sait qu’il va revenir dans son quotidien : « Mon mari reprenait son travail, je retrouvais mon quotidien et les enfants retournaient à l’école (Capucine leur faisait la classe sur les routes de Jérusalem, ndlr). Maintenant, nous sommes rentrés depuis un an et demi et nous devons vivre avec l’immense richesse d’un voyage que nous
avons du mal à partager autant que nous le voudrions ”.
En apparence, rien a changé dans le quotidien de la famille : « Nous avons retrouvé nos factures, les activités des enfants et le rythme à 100 à l’heure d’une
famille de cinq enfants [une petite dernière est arrivée dans la famille en août dernier, ndlr]. Mais je crois que nous avons reçu la grâce de l’abandon et l’ouverture aux autres depuis notre voyage », raconte Capucine.
Des petites anecdotes de la vie quotidienne de la famille le prouvent. Quand le père de famille a eu un accident de vélo grave le mois dernier, il a été conduit aux urgences. On lui a proposé d’attenter un procès au chauffard qui avait brûlé un feu rouge pour le percuter. « Si nous n’avions pas fait notre voyage, nous aurions surement réagi au plus vite sans connaître le monsieur qui avait provoqué l’accident mais mon mari a d’abord voulu aller rencontrer cet homme et lui parler. Il se trouve qu’il était dévoré de culpabilité depuis cet événement et nous avons pu échanger avec lui », relate Capucine.
Un autre exemple : « Ce dimanche où nous sommes partis faire un tour à vélo tous ensemble. En un rien de temps, nous retrouvions le rythme que nous avions lors de notre voyage. Nous partions acheter un sandwich à la superette du coin avant de jouer tranquillement dans un square, tout simplement. Les enfants étaient ravis et retrouvaient une grande connivence tout d’un coup ».
Ainsi, dans un temps encore marqué par le synode de la famille, l’expérience de Capucine, son mari et ses enfants nous en disent long sur la façon dont on peut cultiver la cohésion familiale par des choses simples, même si nous ne pouvons pas partir sur les routes. Quoi qu’il en soit, le récit de Capucine, Un an vers Jérusalem est un hymne à la famille, sa beauté dans l’imperfection, son amour et sa solidité dans les moments difficiles.
Marie Lorne / Aleteia.org http://www.paroleetsilence.com/Un-an-vers-Jerusalem_oeuvre_11549.html
http://fr.aleteia.org/2015/12/02/a-pied-et-a-velo-de-pellevoisin-a-jerusalem/
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