Antoine Vidalin

La parole de la vie : la phénoménologie de Michel Henry et l'intelligence chrétienne des Écritures

La phénoménologie de Michel Henry permet à Antoine Vidalin d'opérer d'importants discernements sur des questions ecclésiales très actuelles. Ce surgissement de la foi comme reconnaissance mutuelle, Michel Henry le décrit de manière éblouissante dans son livre intitulé Paroles du Christ. Mais c'est l'ensemble de sa phénoménologie qui permet une approche renouvelée de tous les domaines de la théologie. Il faut remercier Michel Henry et son commentateur de rendre ainsi l'Écriture aux petits, aux simples, aux pauvres.

De fait, «annoncer Jésus-Christ ne consiste pas d'abord à transmettre un message. Car tout message se détache sur l'horizon du monde et lui demande sa vérité. C'est pourquoi vouloir persuader l'autre de la vérité du christianisme, utiliser à cet effet les théories de la communication, demeure encore une attitude "mondaine". L'évangélisation est d'abord don de soi du chrétien qui, se laissant guider par l'Esprit, devient à son tour parole vivante de Dieu pour ses frères...»

On s'est demandé si Michel Henry ne s'était pas renié comme philosophe et s'il ne fallait pas considérer au moins ses dernières oeuvres comme celles d'un théologien. L'auteur aborde à plusieurs reprises cette question et y répond. Selon lui, Henry est resté fidèle jusqu'au bout à son projet de phénoménologue. Les paroles du Christ sont à elles-mêmes leur propre preuve. L'homme y découvre à la fois la vérité de Dieu et la vérité de son être, de sa vie, de son éternelle vocation. Il est fils. Appelés que nous sommes, dès avant la fondation du monde, à être fils dans le Fils, jaillit l'éclair d'une re-con-naissance entre le Premier des fils et celui qui est appelé à laisser vivre en lui ce Fils Unique.

Nous sommes persuadé que la philosophie de Michel Henry permettra le renouvellement et l'approfondissement de nombreuses questions théologiques. De cette fécondité le livre qu'on va lire est plus qu'une promesse. C'en est déjà un fruit très précieux.

Jean-Marie Hennaux, s.j